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La compétition à Las Vegas: Mon 74e et 75e combats en carrière. (Partie 2)

Photo du rédacteur: Pierre MessierPierre Messier

La préparation pour cette compétition a été un véritable marathon, marqué par des rebondissements qui ont mis à l’épreuve ma résilience. À l’origine, je me préparais pour un tournoi en mars 2024 à Atlantic City, mais faute d’inscriptions suffisantes, il a été reporté à septembre 2024. Mon programme d’entraînement avait déjà débuté le 1er septembre 2023, et ce report m’a forcé à prendre une pause avant de tout recommencer pour une nouvelle préparation en vue de mars 2024.



Ensuite, un autre obstacle s’est présenté : l’unique adversaire inscrit à mon poids et dans ma catégorie d’âge était, après vérification auprès de USA Boxing, un an trop vieux pour m’affronter. La règle exigeant un écart maximal de 10 ans entre les combattants, je me suis retrouvé sans combat. Plutôt que d’abandonner, j’ai décidé de transférer mon inscription – et mes efforts – vers le tournoi de Las Vegas.

Encore une fois, j’ai dû ajuster mon rythme, prendre une pause, puis reprendre l’entraînement en vue d’une nouvelle échéance : février 2025. Ce long processus a exigé une discipline de fer et une gestion minutieuse de mon état physique et mental. Repartir à zéro après chaque report, maintenir ma motivation malgré l’incertitude, gérer la fatigue accumulée… tout ça a eu un impact.



Physiquement, chaque reprise était plus difficile. Après une pause, il faut retrouver le rythme, ajuster son cardio, se remettre dans l’intensité des entraînements. Mentalement, il y a eu des moments de découragement. Se préparer pour un combat demande un état d’esprit spécifique, et le voir repoussé à plusieurs reprises, c’est un défi en soi.

Mais au final, cette route semée d’embûches a forgé encore plus ma détermination. Peu importe les délais, peu importe les imprévus, j’ai continué d’avancer, avec une seule idée en tête : être prêt le jour J.


Pendant ce long processus, les blessures se sont enchaînées, et c'était inévitable. Mais il aurait fallu qu'on me coupe un bras pour m'empêcher d'aller au bout de ce défi. J’ai encaissé des claquages au coude après des séances de sparring intenses, un mal de cou persistant qui m’a écarté du ring pendant plusieurs semaines, et la course m’a laminé le bas du dos. Mon nerf sciatique est resté coincé pendant trois semaines, juste avant les dernières étapes de ma préparation. À cela s’est ajouté une blessure à l’orteil, qui m’empêche encore aujourd’hui d’appuyer correctement sur mon pied pour envoyer ma droite. Et comme si ce n'était pas assez, lors de ma dernière session de sparring avec Gaby, la semaine avant le départ, un claquage au coude gauche (mon jab, le coup qui peut me sauver la vie) est venu couronner le tout.



Malgré tout ça, pas question de reculer. J’ai pris sur moi, j’ai serré les dents et j’ai avancé. L’adrénaline m’a porté dans mon premier combat, masquant un temps la douleur. Mais aujourd’hui, je ressens chaque coup encaissé, chaque blessure accumulée. J’ai mal partout... sauf à mon estime de moi.

 

 

Samedi matin, première pesée.

La veille, lors du Meet & Greet (réunion de l’organisation), j’ai rencontré mon adversaire : Omar Lopez, de Los Angeles. Un gars respectueux, sympathique, on a échangé quelques mots, dans une belle ambiance de camaraderie. Mais une fois la cloche sonnée, plus d’amis. Il voulait gagner. Moi aussi.


À la pesée, 144 lbs pour moi, 147 lbs pour lui. Un écart négligeable. Après un bon déjeuner, on devait être à peu près au même poids. La compétition démarrait et j’étais prévu 10e combat, vers midi. Mais le troisième ring tardait à être installé, causant du retard.

Puis, ça part! Mais on s’est fait avoir sur le timing.

Des combats annulés ont accéléré le programme, et je me suis retrouvé à devoir mettre mes gants en urgence, à deux pas du ring, sans avertissement. Jérémie est venu me chercher en panique dans le vestiaire : "On t’appelle, là!"


Une chance que j’étais déjà échauffé! Dans un tel moment, soit tu perds tes moyens, soit tu restes en contrôle. C’est là que l’expérience à fait toute la différence. Je n’ai pas paniqué.

J’ai mis mes gants, j’ai pris une grande inspiration et je me suis répété une phrase que je dis souvent à l’une de mes boxeuses qui doit imposer un rythme plus élevé en sparring :

"Tu te mets un pétard dans le c… et tu l’allumes!"

Ce jour-là, j’étais prêt. Rien ni personne n’aurait pu briser ma concentration. Contrairement à 2019, ou Danielle Bouchard qui était dans mon coin au Nouveau-Brunswick m’avais dit après mon combat, ta tête n’était pas là Pierre, cette fois-ci ma tête était toute là.

 

Premier round.

Malgré le chaos d’avant-combat, je suis satisfait de mon départ. Je sens que mon adversaire me respecte, et dès les premières secondes, je comprends que ça ne sera pas une bagarre de rue, mais un duel technique et tactique. Ça, c’est à mon avantage!

Mais vers le milieu du round, coup dur. Je lance un direct du droit... et je ressens une vive douleur au coude. Mauvais impact, mauvaise connexion, peu importe. Je viens de me blesser.

À partir de là, chaque coup lancé me rappelle que je suis en guerre contre la douleur autant que contre mon adversaire. Mais abandonner n’a jamais été une option.



1er round

 

Deuxième et troisième round.

Le stress du départ est tombé… mais avec lui, un peu de ma concentration. Je le sens. Je ne suis pas satisfait. En retournant dans mon coin, le doute s’installe. Ai-je laissé filer ce round? Jérémie me dit que non, mais dans ma tête, c’est une autre histoire.

Troisième round, il n’y a plus de place au doute. Je prends une décision simple : bouger, marquer des points, garder la distance. Si je fais ça, je repars avec la victoire.

Quand l’annonceur prend le micro et dit : "In the blue corner…"

J’ai gagné.

Je tourne la tête vers Jérémie, il explose de joie. Soulagement, fierté… je viens d’accomplir un rêve que je traîne depuis mes débuts. Battre un Américain dans un tournoi international.

Mission à moitié accomplie.


2e round

3e round



Deuxième combat – La finale.

Dimanche matin, deuxième pesée. 143 lbs sur la balance. Mon adversaire? 147 lbs, croisé dans la file. Un gars respectueux et expérimenté, déjà champion en août dernier dans cette même compétition.

Cette fois, pas question de se faire surprendre. Jérémie et moi avons ajusté notre préparation. On est allé voir les combats annulés pour éviter toute précipitation. Résultat? Deux heures complètes de réchauffement et de préparation mentale.

Mais une ombre au tableau : mon coude droit me fait souffrir.

Je tente quelques frappes aux mitaines avec Jérémie. Impossible. Chaque impact est une douleur vive. Je serre les dents. Pas question d’abandonner ici. Alors, je me contente de shadowboxing. Garder le bras frais pour le combat, économiser chaque mouvement.



Le combat commence.

Mon adversaire est patient, technique. Parfait. Un duel d’intelligence et de stratégie. Les échanges sont propres, rythmés. Il frappe dur, mais rien qui m’ébranle.

Puis vient le dernier coup du round.

Je ne sais pas pourquoi, mais en le recevant, c’est mon cou – pas ma tête – qui encaisse. Instantanément, tout mon bras droit s’engourdit. Un flash de douleur électrique, comme si on me brûlait de l’intérieur.

C’est mon ancienne blessure du cou qui ressurgit, celle subie en sparring avant les Fêtes.

Je n’ai plus de force, plus de contrôle. Ou plutôt si – je ressens mon bras… mais en enfer.

Je n’ai pas le choix. Je dis à Jérémie de me retirer les gants, de couper les bandages. Ça picote, brûle, fourmille. Une sensation indescriptible.

Le médecin me met sous observation, on prend mes signes vitaux, je doit resté une dizaine de minutes assis et branché sur les appareils de surveillance, on fait des tests de mobilités et de force, rien de cassé.

Je suis fier de mon premier round. Fier du combat que j’aurai pu gagner malgré tout, aucun regret maintenant.


1er et dernier round de ma carrière

Mais aujourd’hui, c’est cette foutue blessure qui a eu le dernier mot et je m’en remets tranquillement encore une semaine après, mais je le fait le cœur serein et le sentiment d’avoir accomplie ma mission.

 

 
 
 

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